Les situations dans lesquelles les femmes assument la majorité du travail domestique, peuvent générer des sentiments de conflits entre travail et vie de famille – chez les hommes.
Un des principaux changements sociaux en Europe au cours des dernières décennies est l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail.
Cependant, cette évolution du travail féminin n’a pas toujours été suivie d’effet dans la répartition des tâches domestiques entre les sexes : il est fréquent que les femmes assument toujours la majorité des tâches ménagères, même quand elles travaillent à plein temps.
Le graphique ci-dessous – basé sur les données de l’enquête ESS, collectées en 2010/2011- représente la proportion du travail domestique assumé par les femmes vivant en couple avec un homme : d’une part pour toutes les femmes âgées de 20 à 64 ans (barres vert clair) et d’autre part pour les femmes âgées de 20 à 64, travaillant plus de 30h par semaine (barres pourpre).

Il apparaît que même les femmes travaillant à plein temps prennent en charge, en moyenne en Europe, les deux tiers du temps total qu’un couple hétérosexuel accorde aux tâches domestiques. La répartition de cette charge entre les hommes et les femmes est plus égalitaire dans les pays nordiques et plus inégalitaire dans les pays du sud de l’Europe.
Les chercheurs ont utilisé les données de l’ESS pour explorer les effets de cette « double charge » (travail professionnel et travail domestique), sur le ressenti féminin des conflits travail-vie de famille.
Une étude de Jacqueline Scott et Anke Plagnol sur sept pays d’Europe du Nord met en évidence qu’en dépit de la prise en charge de la majeure partie des tâches domestiques, les femmes travaillant à temps-plein n’éprouvent pas un sentiment de conflit travail-vie de famille plus grand que les hommes travaillant le même nombre d’heures qu’elles.
Finalement, leur étude -basée sur les données de l’enquête ESS, collectées en 2004/2005- suggère que les hommes auraient plus à gagner que les femmes dans une répartition plus égalitaire des tâches domestiques : les hommes d’Europe du Nord vivant en couple avec une femme qui assume la plupart des tâches ménagères sont plus prompts à ressentir les conflits travail-vie de famille que ceux qui participent plus largement aux activités domestiques.
En effet, les hommes dans une situation de répartition inégalitaire pourraient se sentir coupables de ne pas accomplir leur juste part du travail domestique ou encore avoir l’impression que cette division des tâches est génératrice de tensions dans leur relation avec leur partenaire.


