L’approbation des unions non traditionnelles (dont la cohabitation) et de l’homosexualité continue de varier selon les pays en Europe.
En Europe, les modèles familiaux sont en mutation : l’union libre, qu’elle soit une étape avant le mariage ou une alternative, s’est fortement répandue. Un nombre croissant de pays a légalisé le mariage ou l’union civile des couples de même sexe.
Cependant, malgré la prévalence de ces nouvelles formes d’union, leur acceptation sociale et le cadre légal qui les entoure continuent à varier fortement selon les pays. Les données de l’ESS mettent en lumière la nature des contextes nationaux et les conséquences de leurs différences.
Les chercheurs Judith Soons et Matthijs Kalmijn suggèrent, par exemple, que le contexte de valeurs qui entoure l’union libre peut avoir un effet direct sur le bien-être de ces couples. En effet, leurs analyses des données de l’ESS – collectées entre 2002/03 et 2006/07– montrent, en Europe, que les couples mariés ont tendance à avoir un niveau de bien-être supérieur à celui des couples vivant union libre : les couples mariés sont davantage heureux et se sentent plus satisfaits de leur vie. Cette observation reste valide même après avoir pris en compte les différences sociodémographiques des couples mariés et en union libre.
Le potentiel de bien être associé au mariage varie significativement selon les pays d’Europe. La Roumanie est le pays où l’effet négatif de l’union libre se fait le plus ressentir, alors que dans de nombreux pays, dont les Pays-Bas et la Norvège, le sentiment de bien-être est identique voire supérieur parmi les couples en union libre. Soons et Kalmijn montrent à partir des données de l’ESS que la différence de niveau de bien-être entre les couples mariés et ceux vivant en union-libre est plus mince dans les pays où l’union libre est plus courante et où peu de gens désapprouvent l’union-libre.
L’acceptation de l’homosexualité varie également significativement selon les pays. Une des questions de l’ESS – répétées à chaque édition de l’enquête- demande aux répondants d’évaluer s’ils sont d’accord ou non avec la phrase suivante « Les homosexuels hommes et femmes devraient être libres de vivre leur vie comme ils le souhaitent ». L’adhésion à cette phrase ne cesse d’augmenter dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest, mais ce changement est moins marqué dans les pays d’Europe de l’Est.
Le tableau ci-contre montre que les pays qui acceptent le mieux l’homosexualité, notamment les Pays-Bas, la Suède et le Danemark, étaient parmi les premiers pays à adopter les unions civiles et ont depuis légalisé les mariages de même sexe. L’acceptation est également importante – et a grandi depuis 2004/05 – dans les pays, tels le Royaume Uni et l’Espagne, qui ont légalisé plus récemment les unions de couples de même sexe.
Cependant, l’acceptation de l’homosexualité reste minoritaire dans les pays comme la Slovaquie, la Pologne et l’Estonie où il n’y a pas de reconnaissance légale des relations entre personnes du même sexe. Ce constat correspond au fait que la reconnaissance légale vient généralement corroborer les représentations sociales dominantes.
Il est également possible que l’institutionnalisation de l’union des couples de même sexe par le cadre légal aiderait à bâtir une nouvelle représentation sociale de l’homosexualité.
