Un manque de gouvernance solide et un haut niveau de corruption participent à un faible engagement politique en Europe centrale et en Europe de l’est.
20 ans après le passage à la démocratie, la participation politique en Europe centrale et en Europe de l’est reste significativement plus basse qu’en Europe de l’Ouest. La population est moins prompte à s’engager dans des actions politiquement institutionnalisées telles que signer une pétition ou participer à une manifestation.
A quoi est ce dû ? Quels sont les chances pour que la participation augmente dans le futur ?
Marc Hooghe et Ellen Quintelier avancent que la persistance des faibles taux de participation en Europe centrale et en Europe de l’est est un indice de la situation politique de ces pays et ne sont pas simplement et inéluctablement l’héritage d’un passé autoritaire. Ils utilisent les données de l’ESS collectées entre 2002/2003 et 2008/2009 pour comparer les taux de participation selon les régions, et différencient les individus nés avant 1979 ou en 1979 des individus nés à partir de 1980. Ces comparaisons mettent en lumière que même pour la génération la plus jeune, c’est-à-dire ceux dont la maturité politique est arrivée après le passage à la démocratie, la participation politique est plus faible en Europe centrale et en Europe de l’est que dans les pays d’Europe occidentale. Cette différence dans le taux de participation ne peut donc pas être attribuée aux seuls effets résiduels d’un régime non-démocratique sur la population ayant grandit sous sa pression et ayant été habituée à ne pas s’engager politiquement.

Des analyses supplémentaires suggèrent que ces taux de participation plus faibles dans des pays dont l’histoire a été marquée par des régimes autoritaires, peuvent être expliqués par la réalité politique actuelle, à savoir le manque de gouvernance solide, ainsi que la persistance d’un haut niveau de corruption, et des performances économiques relativement faibles, le tout pouvant réduire la confiance et décourager la population de s’engager en politique.
Ces résultats indiquent que le remplacement générationnel ne peut pas suffire à lui seul à accroitre la participation en Europe centrale et en Europe de l’est. L’engagement citoyen est condamné à rester bas sauf à ce que les gouvernements futurs se montrent capables d’améliorer leur performance.
